Cela fait presque 20 ans que Wordpress est sorti, et pratiquement 10 ans qu’on peut utiliser un Page Builder pour créer des pages plus vite.
Elementor, Divi, Beaver Builder, Wp Bakery et cie, on trouve aujourd’hui de nombreux constructeurs de pages, tous censés améliorer notre expérience de création sur WordPress, et il peut être difficile de faire un choix éclairé.
Dans cette vidéo, on va répondre à plusieurs questions
- Un page Builder, c’est quoi ?
- Comment ça marche ?
- Quels sont les avantages et inconvénients d’un builder ?
- Est-ce que c’est totalement nécessaire ?
- Comment bien choisir son Page Builder ?
Un PB, c’est quoi ?
Un page Builder, c’est un logiciel avec lequel on va créer des pages. Ici, on va s’intéresser à ceux qui existent sur WordPress, car on peut aussi trouver des PB pour publier des pages sans utiliser ce CMS.
La grande majorité des page builder proposent une interface graphique, qui va permettre de créer la structure générale d’une page ou d’un contenu, puis d’y insérer des éléments, comme des textes, des images, des contenus multimédias ou des éléments proposés par d’autres extensions.
Ainsi, un page builder permet de s’affranchir du travail d’intégration nécessaire à la création d’une page Web.
En effet, avant l’arrivée des page builder, quand on voulait faire une page, il fallait convertir une maquette en code source (principalement du code HTML et du code CSS) pour le formater. Il fallait en outre ajouter du JavaScript, pour réaliser certains effets visuels, tels que des accordéons, des onglets etc. Autant dire que l’opération est particulièrement technique et que cela nécessite des connaissances solides. Avec les builders, c’est terminé, et on peut créer des pages Web complexe en quelques clics, sans rien y connaître.
Comment fonctionne un Page-Builder ?
Ce qu’il faut savoir, d’abord, c’est qu’un page builder, c’est une véritable usine à gaz. Ce type d’outils utilise les mêmes ressources qu’un CMS moderne, à savoir du PHP pour exécuter le code côté serveur, du JavaScript pour construire l’interface graphique sur laquelle vous allez travailler, du code HTML pour écrire les contenus, et du CSS pour effectuer le rendu.
Là-dessus, on trouvera également d’autres bibliothèques sur lesquels je ne m’attarderai pas dans cet article.
Quand vous allez composer votre page avec l’interface graphique, le builder enregistre vos actions, vos contenus, et va stocker ces informations dans une table de la base de données de votre CMS.
Quand vous ajoutez un builder à votre site, vous rajoutez un énorme morceau logiciel à votre serveur, pour le meilleur et pour le pire !
Car c’est vrai, quand on les découvre, les Page Builder n’ont l’air d’avoir que des avantages…
Les avantages des pages builder
Les pages de vente des outils comme Elementor, Divi, Avada, WP Bakery et les autres, montrent toujours le coté positif des builders. Petit florilège des cotés positifs de ces outils…
Plus besoin de coder !
La majorité des Page-builders propose une interface en « drag and drop » : il vous suffit de sélectionner des éléments dans une boîte à outils, de les déposer sur une page, de cliquer çà et là sur votre interface, et les contenus apparaissent comme par magie. Vous n’avez plus qu’une seule interface à gérer, et n’avez pas à jongler entre votre éditeur, la feuille de style, votre inspecteur de code source, les fichiers du serveur et le navigateur.
Des créations rapides
Du coup, ça va très vite de créer des pages. Vous pouvez dupliquer les éléments, créer vos propres bibliothèques de contenus, utiliser des templates qui sont déjà faits, injecter vos médias rapidement, et tout ça, là encore, sur une seule interface. Le gain de temps à l’air énorme !
Plus la peine de gérer les plug-ins
Quand on installe un CMS, on peut avoir besoin de fonctionnalités qui ne sont pas implémentées à l’origine. Dans ce cas, on se tourne vers l’utilisation d’une extension complémentaire, appelée couramment « plug-ins ».
Les builders proposent généralement les fonctionnalités les plus utilisés sur le Web : des accordéons, des sliders, l’intégration d’une Google Map, des gestionnaires d’image de fond etc. Par conséquent, ce n’est plus la peine d’installer des modules complémentaires, tout est déjà là…
La communauté autour des builders de page
Un page builder qui marche bien, c’est aussi une communauté qui se crée et s’organise autour du produit. Vous trouverez ainsi sur les réseaux sociaux de nombreux groupes prêts à partager leurs connaissances, et vous découvrirez des tutoriels en ligne, des forums spécialisées, des ressources gratuites à télécharger.
Cela permet en général de gagner encore plus de temps et de se former un peu plus vite.
Les produits dérivés autour des builders
Pour les pages builders les plus performants, comme Elementor ou Divi, vous trouverez même des produits dérivés, généralement payants, comme des plug-ins spécifiques, des thèmes pré-construits, des bibliothèques de templates etc. Si vous mettez un peu d’argent sur la table, vous pourrez ainsi construire votre site encore plus vite, et encore plus facilement.
Le support des pages builders
Les pages-builders ont aussi un support technique, une base de connaissances, des forums utilisateurs sur le site des éditeurs, des communautés Facebook etc. Si vous avez un pépin, il est donc possible de se faire aider.
Pour toutes ces raisons, on peut effectivement penser que les constructeurs de page sont LE produit idéal, pour tous les créateurs de sites Internet, car ils permettent de simplifier à fond la création de sites Internet.
Pourtant, on va maintenant voir que la réalité n’est pas aussi rose, et qu’un page builder, c’est pas si bien que ça…
Les inconvénients des Pages Builder
Pour avoir utilisé Elementor, Divi, X, Pro, Avada, The Seven, BeTheme, Enfold, WP Bakery et Beaver Builder pendant quelques années, je peux vous garantir qu’à chaque fois, vous rencontrez les mêmes problèmes. Y a rien à faire, au final, on se rend compte que les builders sont des produits, faits pour être vendus, sur un marché qui s’uberise. Attention, je ne dis pas que ce sont de mauvais outils, je dis juste que les éditeurs lèchent très bien leur communication, sans parler des points négatifs. Si vous allez sur Google, et que vous tapez “Elementor + bloat”, “Divi + bloat” ou encore “why page builder sucks”, vous trouverez de nombreux articles bien moins compatissants que celui que vous êtes en train de lire…
Le Lock In
On va commencer par le truc le plus embêtant : le lock in. Pour que vous compreniez ce que c’est, on va regarder tout simplement ce qu’il y a dans un article quand il est stocké dans une base de données, et ce que va stocker un page Builder quand il est installé.
Ici, on se rend dans la table qui contient les articles sur WordPress, et on pourrait presque lire le contenu sans encombre. En fait, pour afficher le contenu de notre article, WordPress n’a pas beaucoup d’opération à réaliser, à part récupérer le contenu de la table et l’injecter lors de la création du code source.
Par contre, sur un page builder, on voit ici que le contenu de l’article est écrit sous forme de code, qui renvoie eux-mêmes à d’autres tables et à d’autres contenus. Pour le dire autrement, quand WordPress devra créer la page, il aura beaucoup plus d’opérations à effectuer pour compiler le code et afficher les éléments de la page.
Du coup, si vous supprimez le builder de votre site, par exemple parce que vous avez décidé de changer thème ou parce que vous avez trouvé un nouveau produit, dans le meilleur des cas, vous aurez des Shortcodes partout sur la page.
Donc un truc totalement illisible.
Et dans le pire des cas, il n’y aura plus rien du tout.
Ces deux situations imposent donc une refonte complète des contenus que vous avez rédigés. Faut tout refaire et il n’y a pas d’alternative possible.
Enfin, si, on peut récupérer les contenus après export CSV, faire le tri, remplacer les shortcodes avec des expressions régulières pour réinjecter du code HTML et le formater en CSS, mais faut être réaliste : si vous avez pris un Page builder, vous n’avez pas encore les moyens de faire tout ça.
Les temps de chargement
Les short-codes qu’on a vu quand on parlait du lock in, en fait, ce sont des fonctions PHP. A chaque fois que vous allez écrire un Short-code, votre serveur va devoir compiler son contenu pour effectuer un rendu.
Et ici, sur une page, des short-codes, on en a plein ! Dans le pire des cas, sur les Page Builder les plus lourds, en plus de ça, le serveur devra communiquer avec la base de données SQL pour découvrir le « contenu » du short code.
Sur un builder de page, le travail effectué par les logiciels est considérablement plus lourd.
En plus de ça, les Page-builders ont tendance à injecter énormément de fichiers supplémentaires, comme des CSS ou des JavaScript, pour que la page fonctionne correctement. Du coup, votre serveur a besoin d’envoyer beaucoup plus de fichiers au navigateur, et ça ralentit considérablement les temps de chargement.
Là en revanche, on peut faire quelque chose. Si vous avez un bon serveur, et un bon plugin de cache, c’est possible de limiter la casse. Par contre, c’est clair qu’il y aura un impact sur le serveur, et des coûts supplémentaires à prévoir.
L’impact sur le SEO
Un autre truc qui peut impacter votre site, et c’est toujours soumis à discussion, même parmi les professionnels du référencement naturel, c’est l’impact qu’un builder peut avoir sur vos positions dans les résultats de recherche.
Le code source pondu par les builders est terriblement lourd, pour ne pas dire « assez sale ». Ça aura forcément un impact sur le temps de compilation côté serveur, et sur le rendu de la page, c’est-à-dire le temps que ça prendra au navigateur pour afficher le contenu.
Or, depuis avril 2021, Google prend en compte ce temps de rendu pour mesurer la vitesse de chargement d’un site Web. Et plus ce temps est élevé, plus il y a de chances pour que cela dégrade vos positions dans les résultats de recherche.
Après, il faut nuancer : la mise en place de ce nouvel algorithme, appelé Core Web Vitals chez Google, n’a pas eu un gros impact dans les résultats de recherche. Mais il faut quand même le signaler, car ça peut avoir son importance pour d’autres facteurs (notamment sur smartphone).
La courbe d’apprentissage
Pour toutes les fonctionnalités de base, les builders ne sont pas compliqués. Mais dès que vous voulez effectuer une mise en page relativement précise, ça se corse. Les interfaces sont « riches » pour ne pas dire assez torturées, et si vous n’y connaissez rien, vous allez vous perdre dans toutes les petites subtilités de la mise en page.
Et je ne parle même pas des cas où vous allez vouloir personnaliser un peu plus les templates : là, il faudra carrément vous former à l’utilisation, récupérer des fichiers, les modifier, les mettre dans un thème enfant, bref, faire un vrai travail de développeur.
Et là, vous réalisez qu’en fait, ce n’était peut-être pas un si bon calcul de prendre un builder, si vous aviez en tête que vous alliez utiliser un truc facile d’accès.
Le prix
Les page-builders les plus cotés sur le marché sont souvent vendues sous forme d’un abonnement, que vous renouvelez tous les ans. Il faut donc inclure cela dans votre budget annuel. Si vous gérez plusieurs sites, ça peut finir par coûter cher, même s’il y a des tarifs dégressifs sur certaines licences logicielles…
Donc pour résumer, un builder, c’est un système complexe, qui va utiliser de nombreux logiciels et langages de programmation.
C’est aussi une communauté, avec des ressources, un flux travail qu’il va falloir apprivoiser, avec ses avantages et ses contraintes, mais aussi du temps de gagné, après une période d’apprentissage (parfois difficile).
La promesse, bien entendu, c’est de pouvoir créer du contenu facilement. Mais la réalité, si vous mettez vraiment les mains dans l’outil, c’est que vous allez rencontrer tout un tas de défis techniques, et que pour les résoudre, il faudra travailler.
Comment choisir son page builder ?
Parmi toutes les offres proposées sur le marché, difficile de faire le tri. On va regarder ici les options qui s’offrent à vous pour faire le bon choix quand il s’agir d’un constructeur de page.
En lisant des avis ?
Vous trouverez pléthore de tests et de reviews sur le Web, concernant Elementor, Divi, WP Bakery, Avada et compagnie. Les tests sont souvent très complets, pleins de détails techniques, et la plupart du temps assez convaincants pour passer à l’action.
Malheureusement, il faut savoir que tous les éditeurs de Page-Builder proposent des programmes d’affiliation, achètent des articles sponsorisés, et que les avis sur les tests et reviews sont pratiquement toujours biaisées.
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’elle affiliation, c’est simple : vous mettez un lien sur votre site, qui pointera vers le site de l’éditeur d’un logiciel ou d’un produit. Si un utilisateur clique sur le lien, arrive sur le site de l’éditeur et passe une commande, vous, propriétaire du site qui avez rédigé l’article, toucherez une commission sur la vente.
Je ne dis pas que les rédacteurs de tels articles sont en train de mentir, je dis juste que c’est difficile de motiver un clic vers un produit affilié, quand on dit du mal du produit en question…
En testant l’outil ?
La meilleure façon de se faire un avis sur un Page-Builder, c’est de le tester soi-même. Mais du coup, ça veut dire soit acheter le produit, soit utiliser une version de démonstration, sachant que ces versions sont en général bridées.
Il faudra en outre disposer d’un serveur Web.
Enfin, pour se faire une idée « objective », il faut avoir testé d’autres produits, dans le temps, avec du recul, et ça demande un peu d’expérience : c’est donc compliqué pour un débutant.
En utilisant des « nulled »
Vous trouverez sur certains sites les Page-Builders les plus utilisés sur le marché en version « nulled », c’est-à-dire une version qui a été redistribuée en dehors du circuit de l’éditeur.
Ici, on est dans une zone juridique un peu grise, car logiquement, les produits distribués sur WordPress sont sous licence GPL : ils sont trop distribuables gratuitement pourvus qu’il reste sous licence GPL, et que le code ait été modifié.
Cependant, ici, vous prenez de gros risques, car vous ne pouvez absolument pas être sûr que l’outil va être bien sécurisé, qu’il n’y aura pas de fuite des données des utilisateurs qui vont utiliser votre site, un virus, des liens cachés etc.
À la limite, vous pouvez en télécharger pour les essayer sur un serveur temporaire, mais en aucun cas vous ne devez mettre ce type de plug-ins en production. Jamais ! Vous testez, si ça vous plaît, vous achetez, sinon poubelle, point barre.
En demandant aux copains
C’est la meilleure solution, à mon avis : vous demandez à un de vos amis d’avoir accès à son site, et vous essayez le plug-in sur une page de test, sans faire trop de bêtise. Vous ne pourrez probablement pas accéder à tout le serveur, mais au moins vous saurez sur quoi vous partez.
Conclusion
De mon point de vue, un builder ne devrait être utilisé que dans des cas bien précis :
- Quand l’utilisateur final doit éditer les contenus
- Pour des petits sites,
- Pour des sites temporaires
Et quand bien même vous décidez d’utiliser un builder, il faudra absolument tester vos temps de chargement en cours de route, être irréprochable sur la mise en place des sauvegardes de votre site, et toujours avoir un plan B au cas où les choses se passent mal.
Personnellement, j’ai appris énormément de choses en utilisant un Page-Builder, mais je ne vous cache pas que ça s’est souvent fait dans la douleur.
Dans les prochaines vidéos, on vous proposera des tests détaillés sur les principaux builders du marché donc pensez à vous inscrire à la chaîne Youtube pour suivre tout ça de plus près. On vous dit à très bientôt !